Mesurer, c’est tout un art. La mesure est omniprésente dans notre quotidien : nous pesons nos ingrédients, nous mesurons des distances, des vitesses, des températures...
Généralement, des mesures approximatives nous suffisent, mais qu’en est-il lorsqu’on a besoin de garantir l’exactitude des mesures ?
« La métrologie, ou science de la mesure, rassemble l’ensemble des techniques permettant de réaliser des mesures, de les interpréter et d’assurer leur fiabilité.
1. Processus de mesure et erreur
Le processus de mesure ou mesurage est l'ensemble des opérations qui permettent d'obtenir expérimentalement une ou plusieurs valeurs que l'on peut "raisonnablement" attribuer à une grandeur.
Une mesure juste n'exite pas. Il est , par définition, impossible d'accéder à une valeur objective de la réalité sans erreur de mesure.
Il existe deux type d'erreur : l'erreur aléatoire et l'erreur systématique.
L'erreur de mesure est l'écart entre la valeur mesurée xi et sa valeur vraie xvraie. ε=xi−xvraie
Les erreurs aléatoires , ne sont pas prévisibles, elles seront traitées de façon statistique. εa=xi−x¯
où x¯ est la moyenne des mesures en répétant N fois le même processus de mesure avec N→∞
Les erreurs systématiques (ou biais) sont des erreurs qui se produisent à chaque mesure, elle sont donc prévisibles et évitables. εs=x¯−xvraie
Erreurs aléatoires
Erreurs systématiques
mauvaise lecture de l'opérateur
defaut de parallaxe
fidélité de l'appareil de mesure
appareil de mesure mal calibré
variation de température
température supérieure au calibrage de l'appareil
......
.....
Ainsi l'erreur sera la somme d'un biais et d'une quantité aléatoire. ε=xi−xvraie=(xi−x¯)+(x¯−xvraie)=εa+εs
à retenir
Lors d'un processus de mesure (ou mesurage) il est impossible d'obtenir la valeur vraie.
Il y a toujours une erreur de mesure qui peut provenir :
de la méthode choisie (un protocole peut être plus ou moins pertinent, ....)
des instruments de mesures (l'affichage peut fluctuer, ou l'appareil est mal étalonné)
de l'environnement (une mesure peut être sensible à la température de la pièce, par exemple)
de l'opérateur (en TP vous êtes bien souvent la principale source d'erreur !)
2. Variabilité des mesures et incertitude-type
On réalise 100 mesures de l'éclairement. On obtient une série de valeurs : `E =130,2` lux ; `E =155,1` lux ; `E = 119,0` lux ; etc.
On recommence avec une série de 1000 mesures.
Pour y voir plus clair, on réprésente ces 100 mesures dans un histogramme avec en pointillé rouge, la valeur moyenne. La double flèche représente l'incertitude type de la mesure.
Histogramme de la série de 100 mesures Moyenne 150,50 lux Écart-type : 8,16 lux
Histogramme de la série de 1000 mesures Moyenne 148,30 lux Écart-type : 8,01 lux
La dispersion des valeurs reflète l'impossibilité de connaître exactement la valeur d'une grandeur que l'on cherche à mesurer. D'après les histogrammes, on se doute que la valeur de l'éclairement E est proche 150 lux, mais pour donner un résultat scientifiquement valable, il faut se fixer une règle pour la valeur finale (on prendra la moyenne), et choisir une grandeur pour caractériser la dispersion des mesures (on prendra l'écart-type).
Moyenne et écart-type expérimental
Pour une série de `N` mesurages `x_i` d'un grandeur `X` on note `barx=` la moyenne et
`s(x_i)` ou `sigma` l'écart type expériemental.
Ces valeurs se calculent automatiquement avec une calculatrice ou un tableur.
`barm=1/Nsum_(i=1)^N x_i` et `s(x_i)=sigma=sqrt(1/(N-1)sum_(i=1)^N (x_i-barx)^2`
Sans incertitude il nous est impossible de comparer deux résultats ou de réfuter une loi. Pour qu'un résultat ait une valeur scientifique il faut pouvoir prouver que les éventuels écarts entre la théorie et l'expérience ne sont pas significatifs.
à retenir :
Pour une série de mesure, la valeur la plus probable est la moyenne. L'écart-type nous rensigne sur la dispersion des mesures causée par les erreurs de mesure.
Le résultat final d'une série de mesure d'une grandeur Mest exprimé sous la forme d’un intervalle de valeurs probables. X=x¯±u(x) où m¯¯¯ est la moyenne de la série de mesure et u(m) l'incertitude-type.
3. Exactitude d'un mesurage
L'exactitude est le degré de proximité entre résultat du mesurage la mesure et la valeur vraie.Elle se décompose en :
justesse qui décrit l'erreur systématique ou biais statistique
fidélité qui décrit l'erreur aléatoire
Bonne exactitude du mesurage Juste et fidèle
Mauvaise exactitude du mesurage Ni juste, ni fidèle
Erreur éléatoire importante Assez juste mais pas fidèle
Erreur systématique importante Fidèle mais pas juste
4. Intervalle de confiance
On suppose que la répartition des mesures soit données par une loi normale (ou gaussienne) centrée sur la valeur moyenne des mesures d'écart-type .
La probabilité de mesurer une valeur est donnée dans la courbe de densité de probabilité.
Il y a 68 % de chance que la valeur mesurée soit dans l'intervalle bleu foncé (intervalle de confiance à 68%). Avec l'intervalle bleu clair, cette probabilité passe à 95 % (intervalle de confiance avec un niveau de confiance de 95 %).
Densité de probabilité
68% des valeurs sont dans l'intervalle [x¯−σ,x¯+σ] 95% des valeurs sont dans l'intervalle [x¯−2σ,x¯+2σ] 99,7% des valeurs sont dans l'intervalle [x¯−3σ,x¯+3σ]
On introduit alors l'incertiude élargieU(x). Elle est reliée à l'incertitude type par la relation : U(x)=k⋅u(x)
où k est appelé facteur d'élargissement.Le facteur k permet de fixer, le niveau de confiance du mesurage. Plus k est grand et plus la probabilité de trouver la valeur vraie dans l'intervalle de confiance [x¯−U(x),x¯+U(x)] est élevé.
Questions :
Métrologie - Science de la mesure / Incertitudes
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3. Présentation du résultat
Chiffre significatif : Dans une valeur numérique, le premier chiffre non-nul de gauche désigne le chiffre le plus significatif et le dernier chiffre de droite le chiffre le moins significatif.
Le zéro a une situation particulière. Les zéros placés à gauche du premier chiffre différent de zéro ne sont pas significatifs, ceux placés à droite le sont.
les nombres 5487 ; 5,487 et 0,005487 ont tous quatre chiffres significatifs.
les nombres 63200 et 0,063200 ont tous cinq chiffres significatifs.
Lorsqu'on effectue des calculs à partir de plusieurs valeurs, le nombre de chiffres significatifs du résultat doit être égal au nombre de chiffres significatifs le moins important des valeurs de départ.
Le nombre de chiffres significatifs sous-entends la précision avec laquelle une valeur est connue.
En effet, lorsque l'on écrit un résultat, seul le dernier chiffre significatif n'est pas connu avec certitude.
On mesure les côtés d'une table rectangulaire : L=4,1 m (2 chiffres significatifs) et l=5,534 m (4 chiffres significatifs)
La surface vaut S=L⋅l=4,1×2,534=10,3894 m2 mais le bon résultat est S=10 m2 (2 chiffres significatifs)
Écrire que c=(2,999792±0,04)⋅108 m·s-1n'a pas de sens car l'incertitude indique que nous n'avons aucun information au delà de la deuxième décimale.
Il faut donc arrondir le résultat au centième.
Comment arrondir ?
Pour les arrondis on adopte la méthode qui consiste à arrondir au plus près : cela consiste à repérer le dernier chiffre à arrondir puis à l'augmenter d'une unité si le chiffre suivant est au moins égal à 5 ou à le conserver sinon. Par exemple,
arrondir 2,625 à l'unité donne 3
arrondir 2,625 au dixième donne 2,6
arrondir 2,625 au centième donne 2,63
Si l'on reprend l'exemple précédent, l'écriture correcte du résultat est : c=(3,00±0,04)⋅108 m·s-1
à retenir :
Une fois l'incertitude u(x) estimée avec 1 ou 2 chiffres. On arrondi la valeur du résultat de la mesure xm de manière à ce que son dernier chiffre significatif soit à la même position décimale que celui de l'incertitude . Le résultat se met sous la forme :
x=xm unité ±u(x) unité
ou bien en écriture scientifique x=(xm±u(x))⋅10n unité
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5. Comparaison de deux valeurs
5.1. Comparaison à une valeur de référence
Pour comparer une valeur mesurée xià une valeur de référence xref, on utilise l'écart-normalisé ou z-score. z=|xi−xref|u(x)
On considère que la mesure est compatible avec la valeur de référence si le z-score est inférieur à 2.
Un peu de regard critique.
Le seuil z=2 est une convention arbitraire.
Pour rappel, dans une distribution gaussienne, 95% des valeurs sont dans l'intervalle [x¯−2u(x),x¯+2u(x)], seulement 5% des mesures ont un z-score supérieur à 2. Si le z-score est proche de 2 cela signifie surtout qu'il faut améliorer le processus de mesure de manière à diminuer les incertitudes.
5.2. Comparaison de deux mesures entre elles
pour savoir si deux mesures x1 et x2 sont compatibles entre elle on utilise l'écart bormalisé suivant : z=|x2−x1|u(x1)2+u(x2)2−−−−−−−−−−−−−√
On considère à nouveau que les mesure sont compatibles si leur écart normalisé est inférieur à 2.